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PAGE PROJET

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« L’impression m’était donnée de lui faire prendre la route à nouveau. »

 

Je me souviens comme d’un jour relativement proche du son de mes pas dans les feuilles sèches tombées des arbres de la foret de Rohane… Comme un sentiment agréable de fouler la neige mais avec une note de fragilité plus prononcée. Alors que mon chemin se traçais dans des dédales de feuilles en décomposition, je pensais au rôle de toute cette matière qui pousse vit, absorbe la lumière du soleil, la transforme en énergie vitale à nos écosystèmes puis se fatigue et tombent au sol pour finirent absorbées par le sol. Afin de créé un tapis d’humus suffisamment riche pour nourrir le sol, qui à son tour doté d’un substrat suffisant donne de l’énergie à l’arbre pour tenir l’hiver… Alors je marche encore, jusqu’à ne presque plus pouvoir entendre mes pensées, Malgré un pas délicat le sentiment de tout broyer sous mes pieds me fais tantôt monstre, tantôt participant, accélérateur d’un principe de décomposition. Je me sens alors bulldozer et animal, …

 

En effet, l’automne m’inspire, Voir apparaître la silhouette des arbres me fascine. Le dessin de leur structure semble évoquer parfois de drôles de personnalités. Les apparences squelettiques de ces grands êtres expriment la construction des choses et suivent une logique troublante lorsque l’on ouvre une carte routière, on observe facilement de grands axes autour desquels de plus minces se dessinent pour se redistribués à de plus petites routes encore, cela jusqu’aux fin chemins à peine carrossables. 

 

Ma marche me guide alors vers un besoin d’espace, En effet l’effroyable fracas de toutes ces feuilles devenues sèches et dures, sculptées par leur structure et le soleil aujourd’hui sous mes pieds me devient une mélodie presque incapacitante, comme si le moindre de mes mouvements serait associé à ce son perpétuellement même et variable à la fois. Cherchant donc à sortir de ce vacarme me portant confusion, je rejoins le champ le plus proche, alors un silence s’installe.

Un curieux silence non pas déplaisant, mais sans doute trop silencieux, comme le contraste était marqué. Mes pas sont de velours  et me guident non loin de là, ou une drôle de silhouette endormie, elle aussi semblait préfigurer l’automne. A sa façon certes, Un camion Mercedes Carbonisé duquel ne restent que la cabine, le train avant,  et les portes arrière de la caisse semblait par ses teintes de rouilles lui aussi évoquer une écorce dissimulée dans son environnement. En bordure de forêt, Le Mercedes que je connaissais avait un peu fané. Je l’avais déjà rencontré environ un an plus tôt à l’été, j’en ai même une image. Celui-ci était déjà la carcasse peu véloce et non moins vigoureuse que j’avais sous les yeux mais, dans mes souvenirs, il était plus complet, il avait un châssis, une caisse un peu fondue, Il avait d’avantage l’aspect d’un camion. Mais je me suis alors demandé où était partis les morceaux qui constituaient mon souvenir. A vrai dire je ne me suis pas posé la question très longtemps en raison de la zone ou ma balade s’installait. Effectivement, il s’agit de ce genre d’endroit où rien n’est à jeter, et surtout pas un châssis de camion, même brûlé ! J’ai vite établi un raisonnement assez simple selon lequel les éléments manquants à mon souvenir aurait étés emportés comme par le vent nourrir le substrat d’un barricade non très lointaine.

 Aucune n’envie alors de partir à la recherche du châssis, mais le soleil couchant et la vue en contre-jour m’offraient un terrain de jeu particulièrement propice à la réflexion. Je suis monté à bord du navire endormi, l’intérieur semblait sonner comme le sol de la foret, avec un écho rigide en plus. L’acier rouillé rongé par le temps et les éléments se décomposaient sous mes pieds. Une nouvelle fois je me sentais à la fois bulldozer et animal cherchant un terrier. Ne le jugeant pas très confortable pour y passer l’ »hiver.

 J’ai  désincarcéré de la cabine le fauteuil conducteur et la banquette passager ainsi que le tableau de bord, une fois disposés sur l’herbe tous trois était comme j’apprécie regarder les arbres en cette saison. Nus, complètement fanés et secs, frêles, au squelette évident. Les structures des banquettes donnaient à voir la conception logique du fabricant. Vous savez, « ce juste ce qu’il faut » le suffisamment résistant, la rigidité en prime.

Mais alors, je m’assois quelques instants, entreprends de rouler une cigarette puis mon regard souhaitant offrir à la vue encore quelques images avant la nuit tourne autour de ces maquettes isolées et joue avec la profondeur du champ, à travers laquelle, au loin (non loin)  les silhouettes des arbres récemment mis à nus par la saison semblaient se répondent.

C’est alors ce parallèle évident que je regrettais presque de ne pas avoir fait plus tôt. Vous savez, ce sentiment de comprendre quelque chose d’un coup, alors qu’il nous est présenté sans cesse sans que l’on prenne le temps d’y porter attention.

La nuit tombant m’offrit quelques dernières pensées puis je déserte le champ pour rejoindre un ami…

Le lendemain, je quitte la Zone ou les Arbres Donnent leur feuilles au sol et ou les camions donnent leurs grosses pièces aux barricades pour rejoindre la ville ou les arbres nus, frêles ne semblent garnir aucun tapis, si ce n’est l’asphalte ou le pavé silencieux sous mes pieds. En revanche Le bruit des Camions lui est une musique de fond qui fait partie de celles que l’on entend plus…Mais alors, où sont-elles parties ces feuilles mortes ? A quoi servent-elles ?

Quelques jours plus tard, j’entreprends d’aller récupérer ces banquettes ( sans savoir que je comprendrais alors plus tard que j’étais une sorte de vent, un élément emportant avec lui… une matière en décomposition suis peu à peu rends à l’espace une neutralité antérieure, comme si toute choses devaient  finir absorber par le sol, le ciel, les animaux ou le coffre de la Clio…)

Une fois les deux banquettes et le tableau de bord chargés Je dispose à mon tour quelques matériaux éventuels là où quelqu’un saura les trouver. De retour en ville, reste un arbre au pied duquel les feuilles semblent s’agglutinées,  Leur couleur est très semblable à celles de la rouille qui compose mes trophées, Alors vient l’idée de les associer, maladroitement au début, comme une leçon de conduite, puis le trajectoire c’est dessinée.

 

C’est alors que L’impression m’était donnée de lui faire prendre la route à nouveau.

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